ASAFO FLAGS OF THE FANTE par Jean-Jacques Mandel

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De l’art martial de l’empire de Ghana

à la picto-peinture mythologique de Victor Brauner.

 

Quand, à la fin du XVème siècle, les Portugais découvrent la côte ouest-africaine, ils trouvent, à leur grande surprise, une société très développée, bâtie sur les fondations d’un fabuleux empire organisé en royaumes qui connut, grâce à ses mines d’or, son apogée au début du Moyen-Age. Ils érigent alors, sur toute la côte, des forts comme ce lui de St Georges de la Mine qui deviendra Elmina lorsque la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales s’en emparera en 1637, et en fera l‘avant-poste maritime de son florissant commerce d’esclaves. Une traite que les Hollandais pratiqueront intensivement jusqu’à en 1814.

Dès la fin du XVIIème, dans leurs récits de voyage, les Flamands décrivent les frankaa, ces « drapeaux colorés » agités par les habitants d’Elmina. Emblèmes-souvenirs des glorieux combattants Asafo, membres de compagnies militaires, fantassins et cavaliers royaux, les drapeaux des Fanti devenus blasons et bannières d’associations civiles tatouent alors la grandiose histoire de l’Empire sur le corps social. Il n’y a pas d‘écriture vernaculaire en Afrique seule une tradition orale dans laquelle les contes philosophiques et les proverbes métaphoriques transmis de génération en génération, tiennent lieu de mémoire. Les associations illuminent leurs drapeaux de ce bestiaire symbolique et inventent de nouvelles traditions d’art visuel.

 

Coïncidence ou concordance de temps, aux Pays-Bas de l’époque la culture est déjà sophistiquée, le patrimoine littéraire et proverbial très riche et les proverbes constituent alors les rares lieux de rencontre entre le savoir des élites et celui du plus grand nombre. En témoignent les tableaux du grand peintre flamand Jacob Jordaens archétypes de cette tradition. On peut donc imaginer que les navigateurs bataves furent en empathie immédiate avec les Asafo Flags et leur imagerie« merveilleuse ».

Les colons Anglais prennent le relais de l’occupation en 1821, guerroient avec les Ashanti, s’allient momentanément avec les Fanti et fondent la Gold-Coast en 1872. Au tournant du XXème siècle, celle-ci ayant réunifié ses royaumes et ses groupes ethniques, devient colonie britannique à part entière.

Les administrateurs coloniaux, qui distribuent à tout va des milliers de drapeaux du Royaume-Uni, s’appuient sur les pouvoirs locaux pour maintenir leur hégémonie. Dés lors personnages royaux, élites régionales, confréries et associations locales vont prospérer grâce à l’usage de ces bribes de ce pouvoir « indirect » qui leur permet de vivre la « High Life »  des maîtres. Rejoignant les bataillons métissés de l’armée du Commonwealth les nouveaux guerriers découvrent la musique et l’inventivité des soldats de leur Empire d’adoption… Frappés du sceau de l’Union Jack, les Asafo flags s‘émancipent et, au milieu du siècle, mélangeant proverbes et paraboles modernes dans une féérie de couleurs ils vont devenir la voix de la société civile naissante et écrivent au quotidien le récit mytho-poétique de leur nouvelle destinée qui les mènera l’indépendance en1957.

 

A la même époque, en Roumanie, Victor Brauner un peintre ésotérique qui deviendra l’une des figures du Surréalisme renoue avec la « pensée primitive » et invente la « picto-peinture » mythologique. Cette tentative effrontée de lier le mot à l’image l’amènera à utiliser un vaste bestiaire magique dans beaucoup de toiles et dessins jusqu’à l’apothéose du chef d’œuvre « Prélude à la civilisation » (1954)…

Depuis, comment regarder un drapeau Fanti, marqué désormais de la Black Star, sans ressentir l’universalité de cette proposition plastique ?

 

Jean-Jacques Mandel

 

   

 

 

Asafo companies are Akan military groups devoted in the past to the defense of the state: sa (war)and fo (people).

These companies, which are most highly developed among the Fante of Ghana’s central region, exert political influence through their military activities and their participation in the selection and enstoolment of the chief. Civic duties include sanitation projects, roadbuilding, politicking,fire fighting, and community entertainment. Asafo compagnies are opened to both men and women, and larger towns may have several companies.

Asafo is organized into military companies that are numbered and named and that have individual emblems and company regalia. The leader of the combined companies in the state is the tufohen (general). Each company has its own supi (commanding officer), asafohen (company captain), and a variety of lesser officials, including spokespersons, flagbearers, hornblowers, priests and priestesses.

Asafo companies are associated with such visual arts as shrines, flags, banners, and attire – some of which show European influence. Flags are displayed on flagpoles, suspended on strings that line a festival area or danced one at a time in processions by specially trained company officers, frankaakitsanyi.

Posuban are Asafo monuments that serve as religious shrines and gathering places for company meetings and rituals. Today’s elaborate architectural fantasies exhibit exterior scenes, both painted and sculpted, that often include such ships. Such representations are rendered in vibrant colours that identify and advertise the company while demonstrating the power of Asafo.

 

Elmina Museum

 

 

crédits photos ©vdupardmandel

BIBLIOGRAPHIE

Art, Honor, and Ridicule: Fante Asafo Flags from Southern Ghana 2017

de Corey Ross Doran (Avec la contribution de), Silvia Forni (Avec la contribution de)